Thermalwood Canada
Un procédé à chaud fait vibrer la corde sensible de l’industrie de la guitare
On ne sait jamais où mènent les idées et les occasions.
« Nous disons toujours oui, voyons cela, cherchons un peu plus loin, dit Robert "Bob" Lennon, cofondateur et président de Thermalwood. Parce qu’on ne sait jamais où notre recherche va nous mener. »
Thermalwood Canada s’appuie sur ce principe depuis ses débuts, et cette attitude l’a conduit une fois de plus à proposer un produit de qualité qui suscite une demande accrue.
À l’origine, chez Thermalwood, on pensait se contenter de traiter des produits en bois pour d’autres entreprises. De manière inattendue, les circonstances l’ont amenée à développer une gamme de produits propres qui sont aujourd’hui en usage dans le monde entier. La société a ajouté des pièces de guitare à cette liste, ainsi qu’un processus unique de création de meilleures substituts de bois véritable à des espèces en voie de disparition telles que l’ébène – le bois dur prisé, mais en voie de disparition, qui donne à de nombreuses guitares emblématiques leur magnifique touche noire. Les gens de Thermalwood l’appellent « Obsidian Ebony » (ébène obsidienne).
L’ébène obsidienne est née lorsque des scientifiques ont demandé des produits de Thermalwood pour faire des expériences avec de la colle. Un test a laissé une couleur mauve teintée en profondeur dans le bois.
« Nous avons été tellement surpris par le résultat que nous avons commencé à réfléchir, explique Bob. Si nous pouvions obtenir une guitare noire, le même procédé pouvait s’appliquer à une guitare Fender, Music Man ou Gibson, d’où la perspective d’utiliser ce bois véritable comme solution de rechange à l’ébène. »
Par l’intermédiaire d’un autre partenaire, ils se sont penchés sur les fabricants de guitares et sur leurs besoins en bois de qualité. Ils avaient déjà noué des relations. Désormais, ils disposent d’un produit qui résout un problème bien connu, à savoir la disparition de l’ébène, arbre à croissance lente.
« Nous avons décidé de nous servir de l’industrie comme d’un banc d’essai pour savoir si le produit fonctionnait ou non, explique Bob. Les mots "un peu" sont apparus. Nous aimerions « un peu » du produit. »
Il a insisté auprès de l’un des plus grands fabricants au monde et a finalement obtenu un chiffre : 400 000.
« Pour arriver à une telle production, nous devions changer nos méthodes de travail de fond en comble », poursuit-il.
À ce moment-là, le produit était fabriqué dans un laboratoire. Il s’en produisait environ 10 par semaine. Thermalwood s’est associé INNOV, rattaché au CCNB (Collège communautaire du Nouveau‑Brunswick), pour concevoir l’équipement nécessaire à l’accomplissement de la tâche. Mais avant de mettre au point ce concept novateur, ils sont retournés voir le fabricant.
« Quel est le vrai chiffre? », demanda Bob.
De 1,5 à 2 millions.
Ils ont dû à nouveau modifier leurs plans. Ils ont opté pour une conception modulaire, afin que le système puisse évoluer avec la demande. Mais lorsqu’il s’est agi d’établir un contrat, ils n’ont pas pu se mettre d’accord sur un chiffre qui conviendrait à tout le monde.
« C’était un rêve de pouvoir fournir le produit, mais en fin de compte, nous n’étions pas prêts à perdre de l’argent en le faisant. raconte Bob. Nous nous sommes retirés du marché. »
Il y avait eu un vif intérêt. Assez d’intérêt pour que toutes les petites parties puissent totaliser un volume supérieur à celui de la grande entreprise, et même plus. On réduisait aussi le risque de mettre tous ses œufs dans le même panier. Ils ont donc décidé de continuer. La société avait désormais besoin d’argent pour construire l’équipement.
Thermalwood avait collaboré à de nombreux projets avec la Corporation au bénéfice du développement communautaire (CBDC) Chaleur depuis la création de l’entreprise. Bob savait où aller.
« Lorsque nous nous sommes adressés à la CBDC, c’était un rêve, dit-il. Ce n’était pas un fait réel, un projet que nous aurions pu mener à bien. C’était un rêve. »
La CBDC a examiné tous les détails et les raisons pour lesquelles Thermalwood investissait dans le produit
« Le personnel de la Corporation comprend vraiment d’où nous venons. Ces personnes se sont mises à notre place. Et elles ont été en mesure de nous aider pour le financement », indique Bob.
L’équipement a atterri dans leur magasin en mars 2020.
En raison de la COVID 19, le monde a été verrouillé et les nouveaux équipements sont restés déconnectés. Il y a également eu des changements majeurs dans les industries mondiales et les chaînes d’approvisionnement. Les teintures et les résines de la recette originale de l’ébène d’obsidienne n’étaient plus disponibles, a fallu trouver d’autres solutions.
« Nous l’avons fait entrer, nous l’avons essayé et il a échoué lamentablement, explique Bob. Nous avons découvert que c’était comme construire la tarte aux pommes de grand-mère... Nous sommes partis de zero. »
Une autre conséquence de la COVID-19 a été qu’une foule de propriétaires ont investi leur argent disponible dans la rénovation de leur maison, ce qui a été bénéfique pour l’activité principale de Thermalwood. L’entreprise s’est donc concentrée sur son activité principale et a repris son projet dès qu’elle le pouvait. Mais pendant le confinement et les restrictions de voyage, seize millions de personnes ont également pris des guitares pour la première fois et certains fabricants ont dû attendre 14 mois avant de recevoir des commandes.
« Nous avons reconnu que si nous voulions faire quelque chose, il fallait y consacrer du temps et des efforts », affirme M. Lennon.
La société a affecté une personne à temps plein à la résolution des problèmes, a mis au point une nouvelle recette et a commencé à expédier le produit. La seule solution de remplacement de l'ébène en bois véritable a été pensée, financée, conçue, construite et est maintenant produite entièrement au Nouveau-Brunswick
Bob est reconnaissant d’avoir pu compter sur des partenaires capables de comprendre sa vision d’avenir et d’apprécier les difficultés liées à l’invention d’un produit et d’un processus comme celui-ci, ainsi que la valeur inhérente.
« La CBDC se distingue d’une banque, ajoute-t-il. Elle ne se contente pas d’examiner le bilan et de voir comment les choses fonctionnent. Elle écoute ce qu’on a à dire. »