WILMAC Construction
FINALISTE - ATLANTIQUE prix de la DISTINCTION EN AFFAIRES
Bâtir sa réussite : une jeune entreprise de construction résout des problèmes découlant de la pandémie
L’industrie de la construction n’est peut-être pas le plus grand symbole d’innovation, mais le fait qu’une entreprise réussisse à s’implanter dans un marché existant pendant la pandémie de COVID‑19 et à avoir une équipe de 35 personnes alors que tout le pays est confronté à une pénurie de main-d’œuvre est assurément exceptionnel. C’est ce qu’ont accompli Tyler Macdonald et Alicia Wilson avec leur entreprise, WILMAC Construction.
La construction était une affaire familiale pour Tyler, qui a grandi sur l’Île-du-Prince-Édouard. Ses parents étaient des entrepreneurs, et il a essentiellement passé sa vie à travailler en construction.
Mais il voulait tourner la page.
« J’ai quitté deux fois le Canada atlantique en vieillissant, explique Tyler. Maintenant, je suis reconnaissant d’être parti, et d’avoir pu revenir ici, d’être avec ma famille et de vivre dans un si bel endroit. »
Dans l’Ouest, il a acquis de l’expérience comme superviseur de chantier et s’est familiarisé avec l’aspect commercial de son milieu. Autant d’expériences inestimables qu’il a ramenées chez lui lorsqu’il a pris de l’âge et décidé qu’il était temps de revenir plus près des siens.
Après un certain temps passé sur l’Île à travailler comme consultant et entrepreneur, il s’est réveillé un matin et a décidé que le moment était venu de fonder sa propre entreprise. C’était en 2020, et la pandémie de COVID-19 battait son plein.
« D’entrée de jeu, c’était terrifiant, confie-t-il. Tout le monde me regardait, me demandait pourquoi je faisais ça, et me disait que c’était un très mauvais moment pour se lancer là-dedans. »
Tyler savait que s’il parvenait à traverser la période de démarrage, l’entreprise connaîtrait du succès, mais divers problèmes – par exemple les ruptures de la chaîne d’approvisionnement mondiale – lui ont posé des défis comme il n’en avait jamais connu.
« Même pour quelqu’un de chevronné comme moi, qui travaille depuis 20 ans dans ce domaine, c’était du jamais-vu, souligne Tyler. Ça faisait peur, mais en même temps, avec le recul, c’était amusant. Ça m’a permis de relever un nouveau genre de défi. »
Tyler et son épouse Alicia ont réussi à aller de l’avant en supervisant la plupart des travaux à titre d’entrepreneur et de gestionnaire de projet, et en embauchant et en gérant des sous-traitants. Après avoir décroché son plus gros projet jusqu’alors, Tyler a dû décider de l’avenir de l’entreprise.
« Nous avions cinq bâtiments sous contrat, et nous devions être payés huit mois plus tard, à la livraison, explique-t-il. Alors, au lieu de ralentir nos activités et d’espérer que tout se passe bien, je suis allé voir les CBDC. »
Tyler a obtenu un prêt pour constituer un fonds de roulement, afin de permettre à l’entreprise de tenir jusqu’à la fin des projets, lorsque les liquidités seraient renflouées. C’était une étape indispensable pour continuer à faire croître WILMAC Construction comme il l’entendait.
Ça m’a soulagé d’arriver à ce cap des huit mois et de commencer à penser à la suite des choses. Je me suis mis à réfléchir à la façon dont j’allais diriger l’entreprise à partir de maintenant, raconte Tyler. Ça me rend émotif de parler du prêt que j’ai reçu. »
Pendant cette période, l’entreprise est passée de 2 employés (lui et son épouse) à 10, puis rapidement à 20, et enfin à 35 employés. Cette croissance a toutefois nécessité de la créativité.
« Essayer d’agrandir cette entreprise, ça m’a donné l’impression d’entrer dans un édifice en feu, raconte Tyler. Tout le monde répétait qu’il n’y avait pas de main-d’œuvre, qu’il n’y avait rien à faire. C’est ce que nous disent encore l’association de la construction et les différents bassins de main-d’œuvre. On en parle tout le temps aux nouvelles ».
Tyler a donc commencé à chercher partout dans le monde. Il s’est rendu compte que, même si les personnes nouvellement arrivées n’avaient pas d’expérience ou de certification au Canada, beaucoup d’entre elles souhaitaient travailler dans l’industrie, et que leur expérience était extrêmement précieuse.
« Quand quelqu’un arrive d’un autre pays avec une maîtrise en génie civil, il faut en tenir compte et lui lever son chapeau, poursuit-il. Ces personnes ne sont pas extrêmement axées sur la construction durable, ce sont des personnes qui ont étudié les matériaux de construction, qui ont étudié comment construire ».
Tyler a appris que l’atout le plus précieux est l’intérêt et la volonté d’apprendre. Peu importe qu’il ait besoin d’un interprète pendant le processus d’entrevue.
« Ils n’ont peut-être pas acquis d’expérience au Canada, mais en ont acquis en Syrie, en Inde ou ailleurs. Je vois ça et je me dis qu’avec un peu de mentorat, ces personnes seront fantastiques dans notre organisation, souligne-t-il. Ils ont déjà un très bon gâteau. Il suffit de mettre un peu de glaçage dessus. Et c’est un peu ce que nous faisons. »
L’équipe compte aujourd’hui 35 personnes (et ce n’est pas fini), dont beaucoup occupent des fonctions essentielles.
Pour Claus Schmidt, directeur général de la CBDC du Centre de l’Île-du-Prince-Édouard, le nombre d’emplois créés par Tyler est impressionnant.
« Le fond de la question, c’est toujours de savoir combien d’employés ont été engagés, n’est-ce pas? On veut vraiment savoir quel est l’effet véritable, car bien sûr, il se propage dans toute la communauté », déclare-t-il.
L’octroi de petits prêts et la création d’emplois bien rémunérés sont au cœur de la mission de toutes les Corporations au bénéfice du développement communautaire, et c’est justement de cette manière que les communautés sont renforcées par l’entrepreneuriat. C’est pourquoi, contrairement aux banques traditionnelles, les CBDC considèrent l’ensemble de la situation lorsqu’elles accordent des prêts à d’aspirants entrepreneurs.
« Nous parlons de prêts sur réputation, explique Claus. Nous ne prenons pas seulement en compte la cote de crédit ou les variables numériques, mais l’ensemble de la situation. Et [Tyler] était très impressionnant. J’ai été frappé par ses expériences, son vécu et ses réalisations. »
Tyler est devenu un grand promoteur des CBDC, surtout pour les communautés rurales, qui doivent trouver plus de moyens pour soutenir les entrepreneurs en devenir.
« Je crois que les gens ne reconnaissent pas la valeur des CBDC jusqu’à ce qu’ils deviennent entrepreneurs, aillent dans une banque, et constatent leur manque de réceptivité aux petites entreprises et aux situations comportant davantage de risques, déclare Tyler. Puis, lorsqu’on entre dans une CDBC, c’est un univers totalement différent. Elles sont là pour aider […], et elles vont faire tout ce qui est en leur pouvoir pour vous soutenir. »
Dans sa jeunesse, Tyler n’aurait jamais pu rêver d’une telle situation. Son expérience, son éthique de travail et son réseau lui ont toutefois permis de construire quelque chose dont il peut être fier, dans sa province natale.
« J’ai passé beaucoup de nuits froides à Fort McMurray, seul dans un camp, à travailler dur et pendant de longues heures, mais je pense que ça a porté fruit, affirme Tyler. Je n’aurais jamais cru que je reviendrais sur la côte Est, que j’y gagnerais bien ma vie, et que je serais entouré de ma famille et travaillerais avec elle. C’est vraiment génial. »